Un membre de Vélorution Lyon a joué le jeu de servir de guide à une journaliste. Voici l’article :

On a testé les pistes cyclables : le parcours du combattant

Dimanche 7 octobre 2007 - Le Progrès

« Bron à vélo », une manifestation cycliste familiale a lieu aujourd’hui. Mais qu’en est-il au quotidien pour les cyclistes, à Bron ? Nous avons testé pour vous les principaux aménagements « C’est bien pour la promenade, mais pour les trajets domicile-travail, au secours ! »

La 11e édition de « Bron à vélo » prend aujourd’hui le départ de la Halle des sports pour un parcours de 12 kilomètres. Un joli trajet dominical en famille. Mais à Bron, le quotidien des cyclistes est tout autre : des aménagements existent, certes, mais manquent cruellement de cohérence et de cohésion. Pour en avoir le coeur net, nous nous sommes mis dans la roue d’Alexandre, médecin brondillant qui se déplace exclusivement à vélo. Un spécialiste membre de la « Vélorution », un collectif du Grand Lyon qui milite pour la place du vélo en ville et pointe volontiers les lacunes de la politique urbaine en la matière.

Premier coup de pédale au 160 avenue Franklin-Roosevelt. Ici, pas l’ombre d’un aménagement cyclable. Comme souvent, les vélos devront se rabattre sur les trottoirs - et déranger les piétons -, sur la route à voie unique - et excéder les automobilistes -, ou même sur les rails du tramway, se mettant hors la loi et risquant de s’y coincer les roues. Direction place de la Liberté, devant la Poste, où un drôle d’aménagement nous attend : une piste cyclable en zigzag et en angle droit. Un authentique slalom que les cyclistes évitent en coupant à travers les pavés.

Sur l’avenue Camille-Rousset voisine, en revanche, rien à redire : la dernière piste en date, sur trottoir, est une réussite. C’est à son extrémité, en débouchant sur le carrefour de la Boutasse, que les choses se gâtent. Il est plus qu’hasardeux de se lancer sur la chaussée, mais presque inenvisageable de monter sur le trottoir, beaucoup trop étroit. La piste cyclable se rattrape 20 mètres plus loin. Après un passage sous la trémie, on entre sur la voie préférée des usagers, une ligne droite en double-sens, à l’abri des voitures, en pleine verdure, et qui longe le tramway descendant sur Lyon. Néanmoins, la prudence est de mise pour s’y engager : le feu de signalisation des vélos est masqué par les grilles des caténaires du tramway Autre hic : le tronçon s’arrête net, dans les deux sens, à des carrefours très fréquentés.

Demi-tour, pour remonter vers le centre ville. La voie mène directement aux bornes automatiques TCL ! Seule solution : traverser les rails. A peine passé le rond-point - on a choisi de s’aventurer sur la chaussée - que déjà les premiers coups de klaxons se font entendre. Notre périple s’achèvera au rond-point de Parilly, l’un des rares conçus pour les cyclistes mais guère accueillant. A chacune des six voies de sortie, il faut s’arrêter ou forcer le passage, grands gestes à l’appui.

« Il faut un vrai travail, avec les usagers, analyse Alexandre. Le vélo à Bron, c’est bien pour la promenade, mais pour les trajets domicile-travail, au secours, il faut vraiment avoir envie ! ».

Delphine Givord